Covid diaries - Alexis Paoli

Alexis Paoli partage avec nous sa superbe série “Covid Diaries”, dans laquelle il photographie Paris vidé de ses habitants pendant le confinement lié au Coronavirus en mars et avril 2020. Vous pouvez retrouver l’ensemble de la série sur sa page Instagram, et j’espère très fortement qu’elle deviendra un livre dans un avenir proche.

Vous pouvez retrouver l’épisode du Podcast qui lui a été consacré ici.

Si vous voulez soumettre une série photo pour publication, vous pouvez nous contacter à cette adresse.

Je laisse la parole à Alexis.

Le vendredi 13 mars j’avais réalisé mes derniers clichés pour un client, un repérage pour une séance life style dans Paris prévue pour la semaine suivante. En un weekend tout a changé. Le 16 mars dans la journée, mon agenda se vide alors que les annulations s’enchainent. Nous attendons tous l’annonce du confinement. Ma première pensée est qu’il faut absolument que je fasse des photos.

Depuis 2008, année où j’ai décidé de devenir photographe, je ne photographie presque que la ville. De l’architecture tertiaire à la street  photography, sujet de commande ou série personnelle, elle est mon unique sujet. Il faut que je documente cette période. 

Problème : je n’ai pas de carte de presse et je sais déjà que je ne pourrai passer les contrôles sans. J’appelle le rédacteur en chef de la revue Office et Culture qui a, par le passé, publié mes photos et lui propose mon sujet. Dix minutes après, je reçois une lettre de mission. C’est grâce à ce sésame que je pourrai me lancer dans cette série.

Je veux pouvoir prendre mon temps, faire des cadrages soignés, réfléchis, des vues larges. Je choisis le 24mm à décentrement associé au 5D Mk IV et un trépied. J’aime le rendu de cette optique, la possibilité de décentrer l’image, la focale ni trop serrée ni trop large et aussi sa mise au point manuelle. 

Comment photographier la ville confinée ? Comment montrer notre ville déserte ? Quels lieux choisir ? D’avantage que le vide, je veux montrer l’absence par mes choix de lieux et de cadrages. Il faut que l’image soit plus qu’une vue urbaine privée de sa population. Je débute par les grands lieux touristiques parisiens, les grandes avenues, les places… tous ces lieux qui d’habitude vivent 24h sur 24.

Pour prévenir le risque, je décide de limiter mes séances, seulement 2 par semaine. Chaque sortie fait l’objet d’une préparation, je définis un itinéraire. L’idée est de limiter au maximum les transports en commun, et de sillonner Paris à pied.

La confrontation avec le sujet est impressionnante. Encore d’avantage que le vide, c’est le silence qui écrase la ville. Le brouhaha urbain s’est tu. Les déplacements se font rapidement, travailleurs en route vers le labeur et habitants en quête de ravitaillement ou d’exercice. La rue n’est plus le lieu de la vie en société, elle n’est plus qu’un lieu de passage. Les seuls encore visibles sont les laissés pour compte.

C’est beau mais c’est dur. La ville vide est un lieu absurde, privé de sa fonction. Les avenues abandonnées  et les places désertes offrent des vues uniques, l’architecture est comme mise sur un piédestal. Mais sans habitants tout cela n’est plus qu’un décor que j’ai hâte de voir se remplir de nouveau.

Merci à tous pour vos retours, commentaires, likes et partages… Depuis le 1er jour, vos encouragements me donnent la force d’aller chercher ces images uniques, de créer ce témoignage visuel pour le futur.

 
 
 
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