058 - Je cherche du sens dans tout et tout le temps - Nadine Jestin

 

Nadine Jestin_web © Manu Munoz

 

Nadine Jestin est autant une photographe qu’une poète, et j’oserais même la qualifier de conteuse tellement elle est capable de nous entrainer dans la plus simple des histoires en illustrant les petites choses que peu d’entre nous verraient spontanément. Si, de son propre aveu, elle tourne moins son objectif vers les autres que vers elle-même, elle a un vrai talent pour faire ressortir toute la poésie des petits détails qui font des moments de vie, et tend à les collectionner et nous les partager, pour notre plus grand plaisir.

Dans cet épisode, on parle :

  • de parler de soi,

  • de faire passer le message avant l’image,

  • de chercher du sens dans tout,

  • de collectionner,

  • des objets improbables qu’on peut garder de ses premiers amours,

  • de Brest,

  • d’artistes à l’univers transversal,

  • du rapport entre l'écriture et la photographie,

  • d’être sentimentale mais d’avoir de l’humour,

  • d’être à l’aise avec soi-même,

  • des objets et des souvenirs qu’ils renferment,

  • du travail qui génère de l’argent, plutôt que de l’argent qui génère du travail,

  • mais surtout, on va vous expliquer comment des petits détails comme des endives au jambon peuvent faire tout le sel d’une histoire vue et revue.

Bienvenue dans l'oeil de Nadine Jestin.


A propos de l’invitée: Nadine Jestin

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LEGOS DE L'ÉPISODE:

  • J”essaie de vivre et de raconter ce que je vis.

  • J’espère, comme toi Steve (Jobs), toucher le plus de monde possible.

  • Je cherche du sens dans tout et tout le temps… Je suis tout le temps en train de faire des connexions ou d'essayer d’en faire.

  • Je me projette et j’ai besoin de faire des liens entre tout.

  • J’arrive pas à dire qu’une manière de faire est la bonne.

  • J’ai l’impression qu’il y a des photographes, par exemple en photographie de rue, ça va être des petits moments de hasard, et il n’y aura pas forcément un sens derrière, et c’est pas grave.

  • Tant qu’on est à l’aise avec ce qu’on produit soi, c’est bien.

  • Quand on a réussi à comprendre soi ce qu’on voulait faire, ce que les autres auront à dire en face aura moins d’impact parce qu’on va se dire moi je sais où je vais, et certains vont être réceptifs et d’autres pas, et c’est pas grave, parce que c’est quand même très rare qu’on plaise à tout le monde ou que tout le monde nous comprenne.

  • J’ai attrapé ma liberté.

  • J’ai eu conscience très tôt que c'était des morceaux de vie (les objets conservés - NDLR).

  • J’ai gardé le slip de mon premier amour… je garde des choses improbables et qui retrouvent une place lus tard.

  • (A propos de Stromae et d’Orelsan – NDLR) Leur vie devient une occasion de créer. Chaque pan de vie est une occasion d’apporter une création dans le monde.

  • Comme tous les soirs on regardait TF1, j’ai vécu le truc avec nos endives au jambon, ma mère me parlait, et d’un seul coup je l ai vu chanter et j'étais "mais ouah! Sur TF1 il arrive à faire un truc décalé comme ça?”Et ma mère continuait à me parler, moi j'étais subjuguée. C’est marrant de l’avoir vécu en vrai dans ma vie quotidienne avec ma Maman.

  • Je suis très efficace ou productive, même si ces mots sont vraiment moches, j’arrive à passer à l’action quand je sais qu’on m’attend. C’est un peu difficile du coup parce que longtemps personne ne m’a attendue.

  • J’aime autant écrire que prendre des photos, ça fait vraiment partie de mon travail

  • J’ai croisé deux (anciens) profs de Français, qui sont venus à mon expo… j’ai pu leur dire qu’ils avaient semé des graines sur mon plaisir à écrire.

  • Je suis quelqu’un de très sentimentale, et j’ai quand même un peu de distance sur ce que je vis, et je sais que ma matière première c’est les émotions et les sentiments, et du coup j'ai ps envie de faire des trucs… larmoyants. Et en même temps, je ne peux pas m’empécher de parler de choses sentimentales et personnelles… Ces petits traits d’humour permettent de casser, je ne veux pas être, qu’il y ait une notion, de victime, du coup ces petites touches d’humour rapportent un peu de fraicheur.

  • Même quand je vis des trucs durs, finalement je suis plutôt heureuse, il y a toujours ces deux cotés.

  • OK c’est dur mais c’est pas grave, Je suis là, je suis vivante, donc c’est pas grave. Tu passes par des trucs durs mais les petites notes d’humour sont là parce que j’ai digéré, ou alors elles me font digérer ce que je vis.

  • J’ai pas envie que les gens s’ennuient quand ils regardent ce que je fais, et j’ai pas envie de m’ennuyer quand je fais des choses, donc je pense que (l’humour - NDLR) est là pour ça.

  • Comme mon texte est aussi important que mon image, mais que je sais aussi que souvent les gens ne lisent pas les textes, j’essaie de faire des textes qui ne sont pas attendus, parce qu’on aura plus envie d’aller le lire si on sait qu’il ne décrit pas l’image.

  • Je suis à l’aise avec moi, je suis beaucoup moins à l’aise à parler des autres.

  • Je vais tout le temps décortiquer et comprendre, pourquoi tu ressens ça, pourquoi je ressens ça?… Ca me parait logique de faire ça aussi en création artistique

  • Souvent les gens je les mets en scène, par contre c’est des gens qui sont dans ma vie, qui comptent pour moi.

  • Les objets comptent énormément pour moi parce que je trouve qu’ils racontent de nous.

  • Dans les albums de famille d’époque, tu retrouves des objets en photo et ça te rappelle plein de choses.

  • Les objets ont une capacité de nous faire voyager dans les souvenirs très forte.

  • J’aurais adoré avoir un album par lieu où j’ai vécu, j’aurais adoré avoir une phot de chacune de mes chambres, parce que d’un seul coup tu vois ça et tu repars dans ces périodes de vie.

  • J’ai tellement ramé… pendant 3-4 ans j'étais perdue à essayer de voir comment on fait pour être photographe…et à jamais me sentir à ma place.

  • J’ai pas fait d'école d’art, j’ai pas appris ce qui était bien ou pas bien… à un moment je me suis dit “je ne comprends rien, comment l’un peut me dire c’est nul, et l‘autre c’est super?". Deux pros du monde de la photo, quand t’as pas les codes tu es juste perdue en fait.

  • (Sur la série “le Pavillon - NDLR): Il y a toujours deux cotés dans les choses, l’ombre et la lumière, là tu as la perfection et le mort. Le texte raconte la mort, et les photos l’ordre.

  • C’est intentionnel (de passer une partie du message par le texte - NDLR), je ne peux pas tout mettre dans la photo, et le texte pour moi a tellement de valeur que je ne voudrais pas. C’est la partie qui me demande le plus d’efforts, que je repousse, mais que je chéris aussi.

  • Tu as des gens qui sont forts pour raconter la vie des autres… moi je sais que je serais incapable de raconter la vie des autres, donc je préfère me concentrer sur la mienne finalement.

  • Une fois qu’on a compris qu’on était tous uniques, on peut plus accepter sa propre singularité.

  • C’est la finalité qui m’importe plus.

  • Je prends des sentiments, des émotions, et c’est ça mon travail, et après j’ai plusieurs manières de le triturer.

  • Vivre de la photographie n’est pas évident, mais j’ai décidé de mettre mon énergie dans ce qui me donnait envie de me lever le matin.

  • Le coté graphique est important, et mes photos sont assez simples, j’ai pas de compositions très complexes. Mes photos sont souvent frontales, assez épurées et simples à lire.

  • Moi je vois comme ça, je vois des formes, je vois des lignes.

  • Je savais que tous ces petits bouts du quotidien c'était fini… c'était pour essayer d’en garder de petits morceaux, de ce qui ne serait plus.

  • Le quotidien a une durée limitée, du coup j’ai tendance maintenant à essayer de capter les choses.

  • (sur l’editing) J’essaie que ça marche d’un point de vue esthétique, j’essaie de varier objet/portrait.

  • J’ai une grande difficulté à pousser la porte quand on ne m’attend pas… et c’est très chiant parce qu’il faut que j’arrive à passer ça pour pouvoir continuer.

  • J’aime tellement ce que je fais, des fois tu te dis “est-ce que c’est légitime d'avoir de l’argent pour faire quelque chose que tu aimes autant?"

  • J’ai abandonné pas mal de choses au profit de mes projets, je ne fais plus de shopping, moins de restaus, plus de voyages, mais ça reste, dans mon esprit, transitoire. En ce moment c’est comme ça parce que j’ai choisi de donner mon temps à ce que je voulais vraiment.

  • Parfois je vais dire non à des trucs qui pourraient me rapporter de l’argent, mais ils vont prendre beaucoup d’espace dans ma tête… parce que je vais m’investir énormément et ça va me prendre beaucoup d'énergie.

  • J’essaie de faire à ma manière, qui ne correspond pas du tout à ce qu’on envoie comme message pour la société d’aujourd’hui, ce qui en vrai n’est pas facile… c’est pas quelque chose que je vais conseiller aux autres mais moi ça va.

  • Les livres, l'objet, j’adore ça, mais en fait je suis en train de découvrir que cé st un autre métier, qu’il faut repenser tout ton projet, et en fait tu repars à zéro.

DANS CET ÉPISODE, ON PARLE DE:

  • Ces photos:

 
 

A propos du Podcast:

Hôte: Julien Pasternak - Instagram - LinkedIn - Clubhouse

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Générique d'intro: Joakim Karud (https://soundcloud.com/joakimkarud) 

Générique de fin: Dyalla Swain (http://soundcloud.com/dyallas)

 
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